Texte de Christiane Laforge


lu à la présentation de Martin Gaudreault


au Gala de l'Ordre du Bleuet, le 14 juin 2019


Dès sa naissance à Roberval le 25 octobre 1959, Martin Gaudreault s’inscrit aux abonnés d’une vie heureuse. Lorsqu’il évoque son enfance, on croit traverser le miroir d’un passé idyllique au cœur d’une famille laborieuse, célébrant le plaisir de vivre par la musique, le chant et la peinture. Le papa, Almas, avait 8 ans quand il a quitté Causapscal dans la vallée de la Matapédia pour le rang des Îles de Saint-Gédéon où grandit sa future épouse Florence Morissette. Elle est la fille de Joseph, propriétaire du magasin général et nièce du peintre René Richard, lequel ne sera pas étranger à l’amour des paysages et la subtilité de la lumière sur les couleurs du futur photographe. Héritier d’une mère passionnée de dessin, de peinture et de théâtre que comblait l’émission Les Beaux-Dimanches de Radio-Canada et d’un père, boucher de métier réputé pour sa bonne humeur contagieuse, fan de Benny Goodman, Ella Fitzgerald, Dean Martin et Tino Rossi, Martin assimile ses propres valeurs : bienveillance, résilience, partage, respect et, surtout, le bonheur des petits riens.


Il traverse son enfance en vélo, au hockey dans la rue, en cachette avec les amis, en cartes de hockey, en lecture des Astérix, Tintin ou Spirou et en construction de cabanes dans les « piles de planches de la scierie Gagnon et Frères ». À 8 ans, sans permission parentale, il occupe son premier emploi d’été. Sa jeunesse et sa débrouillardise comme livreur d’épicerie lui valent de bons pourboires, surtout qu’il complète le service en rangeant lui-même les vivres. Il flambe ses revenus en bonbons qui alors se vendent à la pièce.


C’est au secondaire que le jeune Robervalois développe son amour pour les arts, tandis que son expérience à la radio étudiante le convainc de poursuivre ses études en arts et technologies des médias au Cégep de Jonquière. Une grève étudiante et le manque de ressources pécuniaires le contraignent à abandonner cette voie. De retour dans sa ville natale, il entreprend des cours par correspondance en dessin industriel tout en travaillant comme dessinateur dans une firme d’urbanistes où il développe un véritable intérêt pour l’architecture et le patrimoine bâti. Une avenue s’ouvre devant lui, passant par l’Université Laval en architecture et revitalisation des centres-villes et un baccalauréat en développement économique. Il poursuit à l’Université de Sherbrooke des études en Intervention andragogique et un certificat en administration via Télé-université du Québec. Autant de formations pour autant d’expériences professionnelles, avant de devenir en 2008, directeur général de l’Office municipal d’habitation de Roberval.


Père de deux filles, Émilie et Caroline, issues d’un premier mariage, Martin Gaudreault conjugue sa vie professionnelle avec sa passion pour la photographie que l’ère numérique lui a rendue plus accessible. Fort de l’appui de sa conjointe Johanne Bouchard, il réalise pleinement le rêve de sa jeunesse. Avec succès, alors que ses photos circulent bien au-delà de nos frontières.


Fasciné par les photographies ornant les murs de ses grands-parents, inspiré par ses oncles dont un disposait de son propre studio professionnel à Dolbeau et l’autre, agronome, préservait l’image des bâtiments de fermes avant leur disparition du territoire du Québec, il fait d’une sortie scolaire au zoo de Saint-Félicien son premier safari de photos et l’expérience de son premier échec devant le flou, le mauvais cadrage, la surexposition de ses images.


L’autodidacte a bien évolué depuis. Lorsqu’il expose pour la première fois à Roberval, en 2018, la qualité des œuvres de M. Gaudreault a été soulignée par plusieurs prix : médaille d'argent Arts-Sciences-Lettre de la Société Académique d'Encouragement et d'Éducation à titre Étranger à Paris, premier photographe à être admis à l’Académie Internationale des Beaux-Arts du Québec et médaille du Mondial Art Academia dans le cadre du Prix international des professionnels en art (PIPA). Un jury international lui a remis cette médaille en janvier 2019. Membre de plusieurs clubs de photos et de plusieurs académies des arts, il a participé à des expositions internationales au Québec, en Italie, en Angleterre et en France, comme artiste en résidence, ainsi qu’aux États-Unis. Ses photos sont publiées sur divers sites spécialisés, dont le National Geographic.


Sur le site d’Urbania, le travail de Martin est présenté comme le résultat de l’influence artistique de son grand-oncle René Richard, ce grand peintre canadien lit-on sur le site « qui a su le mieux exprimer la nordicité, la solitude et la vie primitive des grands espaces territoriaux jalonnés par les saisons. » Tout comme lui, Martin exprime la diversité des paysages québécois. « Passionné par les couleurs évolutives des saisons, ses photographies sont le reflet de la contemplation et de l’appréciation des paysages de notre monde. La capture de chaque instant devient le témoignage de sa vision sur le monde dans lequel nous évoluons. »


Un monde auquel il contribue, non seulement en enseignant son art auprès des membres de clubs de photos ou en donnant des conférences, mais encore par ses multiples engagements. Cofondateur de la télévision communautaire de Roberval, du Festival d’hiver et de la Société d’histoire de sa ville natale, photographe officiel de la Traversée du lac Saint-Jean à vélo depuis 2015, il a présidé plusieurs corporations, dont la Vélo-Route des Bleuets. Au service de sa région, il cumule plus de 40 ans de bénévolat.


Au risque d’être accusé de chauvinisme, l’œil du photographe voit sa région avec orgueil. Une région ressource… mais bien plus que cela, dit-il :


« Nous sommes des développeurs, des précurseurs, des avant-gardistes et des visionnaires. Paul-Arthur Fortin disait que si nous avions l’esprit d’entrepreneur des Beaucerons, le Saguenay–Lac Saint-Jean serait LA région de la province. L’exode des cerveaux vers les grands centres aura été bénéfique pour nous… mais surtout pour les autres. Sans nous que seraient-ils devenus, je vous laisse le soin d’y répondre… Je suis si fier d’être un bleuet! »

Le 14 juin 2019


Martin Gaudreault

Photographe autodidacte, conférencier et grand bénévole

pour le parcours exceptionnel de sa démarche artistique en photographie

fut reçu

Membre de l’Ordre du Bleuet



        
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POURQUOI L'ORDRE DU BLEUET

L'intensité et la qualité de la vie culturelle et artistique au Saguenay-Lac-Saint-Jean est reconnue bien au-delà de nos frontières. Nos artistes, par leur talent, sont devenus les ambassadeurs d'une terre féconde où cohabitent avec succès toutes les disciplines artistiques. Cet extraordinaire héritage nous le devons à de nombreuses personnes qui ont contribué à l'éclosion, à la formation et au rayonnement de nos artistes et créateurs. La Société de l'Ordre du Bleuet a été fondée pour leurs rendre hommage.La grandeur d'une société se mesure par la diversité et la qualité de ses institutions culturelles. Mais et surtout par sa volonté à reconnaître l'excellence du parcours de ceux et celles qui en sont issus.